La transcription de ce journal se fait en instantanée. Le temps n’a plus de valeurs autres que l'instant. Du moment en train de se vivre qui concentre le passé le futur et le présent, simultanément. J’écris en temps réel. C'est la raison pour laquelle il faut pardonner les coquilles ou autres fautes d'accord. Je ne sais taper pas avec tous les doigts. Ma paensée semble aller plus vite que la frappe.
À l'heure actuelle, je suis au point Nemo par 48° 36' S, 127° 49' 0, selon mon appareil de localisation. Cependant ce que je vois autour de moi ne semble pas correspondre avec ce que je sais des coordonnées de ce lieu. Tout est allé très vite depuis hier soir. Le soleil est en train de se lever derrière moi et il fait déjà chaud. La végétation est abondante, elle semble tropicale, bien qu’on ne puisse pas vraiment l’affirmer. Qu'elle soit luxuriante est étrange de prime abord. Peut-être par absence d'humidité. Je ne sais pas. J’y reviendrai.
En ce moment m^me j'entends un bruit de très-très basse fréquence qui semble venir du sol. Un bruit sourd qui est parfois à la limite du supportable.
Je suis obligé de me boucher les oreilles. Excusez-moi . Le bruit est devenu trop fort. Je | ne | peux | plus | écrire. Il résonne dans mon ventre et me donne envie de vomir. Je suis obligé d'’interrompre la transcription S O N
Je reprends le direct dans un instant
La seule et unique qui chose qui compte, c’est de rester le même — maintenant, aujourd'hui, demain— et de tirer les leçon de ses expériences.
Depuis quelques heures, le son s’est arrêté. Je suis allé chercher un endroit où trouver de l'eau. Je suis rapidement tombé sur une sorte de lac, qui n'a pas l’air naturel. L’eau n'a pas un mauvais gôut. Elle est juste un peu salée. J’ai aperçu des sortes de poissons, que je n’ai jamais vus. J’avais peur de ne pas trouver d'eau tellement l'humidité est basse selon mon hygromètre. Je commence à me demander si tous mes appareils ne dysfonctionnent pas. Je n’arrive à passer aucun appel téléphonique et je ne peux pas non plus envoyer de SMS. Malgré la puissance de mon AI/smartphone.
La végétation ne ressemble à aucune de celle que je connais. Enfin ce n’est pas exactement ce que je veux dire. Je connais cette végétation. C’est celle de la forêt tropicale humide. Ceibas immenses, ficus, lianes, palmiers, arbres à feuilles persistantes, succulentes, anthuriums, plantes épiphytes, guzmania, davalia, fougères, orchidées, bromelia, ... Mais l’air est très sec. On est dans un climat aride. Je ne comprends pas comment ces plantes arrivent à survivre dans ce milieu.
Il y a des insectes métalliques qui bourdonnent autour de moi.
Je viens d’en attraper un. Tous les autres se sont échappés immédiatement.
0,5 mm de large et 1 mm de long. Des antennes. Matériaux composites (le GLARE utilisé dans l’aérospatiale). Ça ressemble à un drône.
Je suis retourné au lac. Les poissons ressemblent à ceux qu'on ne trouve que dans les fonds marins, entre - 4 000 et - 10 000 mètres.
Voici quelques images que j’ai pu faire.
Je suis en train de faire le tour du lac. Pour l'instant, je n’ai trouvé aucune rivière qui l’alimente.
Il y a peut-être une source immergée.
Ce n’est qu’une hypothèse, car ce lac n'est pas du tout naturel.
Ces berges sont maçonnées. Une sorte de béton qui se délite.
Combien y a-t-il de figure de style qui commence par la lettre b ?
Je n’ai rien avalé de bien consistant depuis que je suis arrivé ici. Il suffit de tendre le bras pour cueillir des fruits.
Je ne souffre pas de faim. Le S O N a réapparu hier au moment où le soleil se couchait.
Il faudra que je vous décrive les couchers de soleils. Il dure presque deux heures.
Un double lune s’est levée à l‘opposé ; en même temps un vent chaud transportant de la terre rouge s’est mis à souffler. J’ai passé la nuit allongé par terre sur un lit de feuilles à regarder cet astre double évoluer dans le ciel. Je n’ai rien relevé d'inhabituel. Mon corps ne semble plus avoir besoin de plus de deux heures de sommeil. Mon cerveau fonctionne comme une radio qui fabriquerait aussi des images. Mes pensées s’enchaînent l'une après l’autre.
Il y a une mangrove au nord-ouest du lac. J’ai ramassé des huîtres et des palourdes. Autre incohérence du paysage dans lequel je suis.
Tout à l’heure, j’ai passé un bon moment à analyser le mur sur lequel est collée l’affiche.
Eprouvé grande tristesse en me disant que la littérature ne fait plus partie de ce monde.
Oui, j’aurais aimé vivre au moment où écrire n’était pas considéré d’un œil indifférent.
L’indifférence tue. Les indifférents le savent.
Les poètes peuvent survivre à cette indifférence. Mais survivre avec un partie morte d’eux-mêmes, la moitié du corps amputée.
Je suis au bord de ce lac artificiel depuis plusieurs jours. Il me semble que l’eau du lac provient de toutes les larmes des poètes.
Je regarde cette vidéo que tu m’as envoyée. Il y a un tel décalage entre la première fois où je l’ai regardée et le calme étrange avec lequel je la regarde maintenant. Je comprends mieux le sens des ces paroles.
Le pays légal n’est pas le pays réel.
Plus j’étudie le mur, plus je comprends l'histoire : le mur révèle des choses dont je n’avais jamais entendu parler. Il a été construit par les Romains, puis ont été ajoutées différentes couches d’argile, de ciments, de plâtre ou de chaux ; l’ensemble est défraîchi et rongé par le temps. Les couleurs choisies selon les époques se juxtaposent. On retrouve des inscriptions sous les épaisseurs en grattant doucement avec les ongles.
Sur le baratin et la désinformation, l’opinion publique, la doxa et la domination, il n’y a plus grand chose à dire. On ne peut plus penser dans un état où des enfants dorment dans la rue.
J’ai retrouvé le chemin qui mène à un grand viaduc en treillis dont le tablier métallique repose sur des piles en béton rondes. Il combine plusieurs triangles pour être plus résistant et stable (la charge est divisée par deux et la compression est moins forte sur la tension).
C'est un bel ouvrage qui ressemble à ceux du début du siècle dernier.
Etat / Société
Nord / Sud
Est / Ouest
Quel est ton nom ? — Europe de l’Ouest.
Quelle est ton histoire ? — Je ne suis pas capable de raconter mon histoire.
On essaie encore une fois. Prends ton temps. — J’allais te poser des questions.
Il y a une trop grande confusion ici. Des erreurs qui se répètent. Un aveuglement total qui empêche de voir le réel, Des angles morts. La démocratie libérale a échoué
Je me suis baigné dans le lac. En sortant de l’eau, je me suis souvenu que Battos Ier est le roi qui a fondé Cyrène. Il était bègue. Son nom a été utilisé pour fabriquer le mot battologie : figure de style qui consiste à accumuler ou à répéter de façon fastidieuse et inutile des mots qui expriment la même chose: Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
La battalogie est la seule figure de style qui commence par la lettre b.
Redondance, pléonasme ou datisme peuvent être des synonymes.
Batologtzí
sense motiu
repetint el teu nom
Sempre estava pensant en tu
al meu cap
en pensaments
sense el meu coneixement
sense saber-ho malgrat mi
Le lac délivre le souvenir des choses dont on n’avait pas connaissance.
Je viens de le comprendre en nageant vers le centre du lac. Des flashes m’ont traversé au sens alchimique : après avoir été en suspension dans l'eau, des particules envahissent mon esprit qui est alors le lieu de sédimentations où des opérations mentales et psychiques, des atomes et des molécules de savoirs et d'informations diverses associés par des liaisons génèrent des substances composées de mémoire.
Il faut réfléchir au phénomène.
Le jour commence sa lente disparition. Ici, les crépuscules durent près de deux heures, comme je vous l'ai déjà dit. Une fois le soleil couché,
une lumière bleue enveloppe tout le paysage. Comme si on avait placé un filtre gélatine sur la poursuite. Elle éclipse toutes les autres couleurs. Ou bien se noient-elle dans ces bleus ? Dans cette zone où je me trouve actuellement en direct, le bleu est une couleur chaude. La photographie que j'ai prise ne traduit pas cette chaleur des bleus en live.
Avant que la nuit ne se fasse noire, tous les bleus alternent et se confondent.
En ce moment, le passé se reconstruit sous cette lumière.
Au moment où le ciel devient noir, toujours le même insecte commence son chant : un cri qui ressemble au bruit d’une roue libre. Ce cliquetis régulier annonce la fin de ce long crépuscule bleu.
Bien que le S O N soit beaucoup plus lointain ces derniers jours il s’est mis en sourdine), le silence n’est jamais absolu, même la nuit quand je ne parviens pas à dormir.
J’écoute le paysage. Il respire en faisant des théories.
Je suis allongé. Le souffle du lac me berce et m’étourdit si bien qu'il ne me semble pas souffrir d'être tout le temps éveillé et du manque de sommeil. Quand je réussis à dormir, mon sommeil est fractionné et il ne dure qu’un court laps de temps, puisque je me réveille en sursaut aussitôt que je réussis à m'endormir.
Mon cœur afflue et appareille, il monte et dévale, décolle et s’évapore. La respiration du lac s’intensifie. Je m'endors presque.
En marchant en direction de l'endroit où le soleil se lève, et que ma boussole indique comme le nord-ouest, après une heure de marche, j’ai trouvé une villa en ruines. Sa façade est quasiment intacte. Deux colonnes de chaque côté encadrent l'entrée placée au milieu du portique de ce qui devait être une cour intérieure: l'une est ronde l’autre rectangulaire. Pour qu’elles ne s’écroulent pas sous le poids du premier étage, il a fallu les relier par un coffrage, large et épais.
Ces quatre colonnes sont ordinaires, sans sculpture ni ornementation ou style particulier, si ce n’est un écho à une époque classique quelle qu’elle soit et qu’on ne peut dater. De cette simplicité, classique et naturelle, se libère une émotion qu’éveille l'ingéniosité mise en œuvre par le bâtisseur et ses ouvriers pour persévérer dans une certaine idée de ce que doit être un beau bâtiment. Cet opiniâtreté et cet entêtement à rechercher le beau malgré les lois physiques, les obstacles et les déconvenues m’a toujours troublé. Le chapiteau lui aussi a renoncé aux ordres architecturaux qui déterminent les proportions et les ornementation pour assurer la solidité de la construction. Elles ne sont toutefois pas de quelconques pilastres, étais rudimentaires ou pilier de soutènement.
Leur base est construite en briques. Le bâtiment a des allures d’hacienda.
Je suis passé sous le péristyle et me suis retrouvé au milieu de la cour de cette maison. Le temps s’est distendu.
La tessiture des sons a subitement changé.
Un cheval attaché à un anneau fixé au mur était en train de manger dans un sac de toile épaisse. Le sabot arrière gauche au repos. Ses oreilles se sont orientés dans ma direction sans être plus troublé par ma présence.
Des rires de femmes sortaient des fenêtres ouvertes à l’étage. Je les entendais se raconter des histoires qui les mettaient en joie. Le bonheur volait partout dans cette cour et imprégnait tous les recoins. Même les pavés mal équarris semblaient rire.
Une tête est apparue à la fenêtre du deuxième étage. Les cheveux blonds vénitiens légèrement ondulés relevés derrière et retenus par un chignon vite fait et lâche.
— Ah, vous voilà ! Je descends.
J’ai entendu ses pas dévaler les escaliers.
Elle m’a tendu un panier où elle avait placé une miche de pain et un morceau de fromage sur de grandes feuilles.
Je suis toujours en direct.
Je viens de repasser sous le péristyle en sens inverse. On dirait que cette cour pavée, pourtant si ordinaire, est dans un des plis (qui coexistent avec des branes différentes) au plus profond d'un des multivers où l’on n’est peu de chose.
J’ai trouvé une affiche collée sur un vieux mur à moitié démoli sur laquelle il est écrit dans la poussière :
« Ce que racontent les hommes politiques ce n’est pas ce que les gens pensent, mais ce qu'il faut qu'ils pensent — quand ils parlent en disant “nous”, c'est du blackbird bla blah pour que les gens croient y retrouver, en mieux formulé, ce qu’ils pensent et leur façon de penser.
L’Etat aurait-il besoin de sondages d'opinion, aurait-il besoin de la garantie constitutionnelle, si la désinformation était simple. »
Je suis devant le lac. Il me parle.
J’entends encore la voix de l’enfant qui récitait la conjugaison du verbe salir. Sa voix sortait de l’une des fenêtres de la maison, en se mélangeant à celles des rires des femmes qui résonnaient dans la cour. Salir en espagnol. Et le souffle sortir des naseaux du cheval à l'intérieur du sac attaché à son licol.
J’essaie de faire comme le cheval et mes orteils posés à l’envers sur la terre, comme lui son sabot sur le sol dallé de la cour. Je reste dans cette position en regardant le lac. Un air chaud souffle dans les feuilles des arbres.
Le temps s’est distendu une nouvelle fois. Le vent chaud souffle toujours. La jeune fille, qui tout à l’heure m’a offert le panier rempli de nourriture dans la cour pavée, s’est approchée de moi.
– Il est beau, ce lac.
– Oui.
– Je m’appelle Cesàrea. Cesàrea Tinajero.
J’ouvre de grands yeux. Sur le moment, son nom me rappelle vaguement quelque chose ou plutôt quelqu’un, sans que je n'arrive à me souvenir précisément qui.
Je la regarde, je regarde vers le lac et je comprends enfin. La pionnière de l’infra-réalisme.
– Non ? Vous n’êtes pas morte dans le désert, alors ?
– Si ! Comme le chat de Schrödinger. Vous saviez qu’il s’appelait Dada ?
et sont les vecteurs d’un espace de Hilbert où Dada chassait les souris.
– On se marrait bien.
– C’était avant le distantiel et tout ce qui s’en est suivi.
– Ça déconnait ferme.
– Les souris, on savait tous que ce n’était pas que ce truc qui sert à cliquer.
Dans mon rêve, il n’y avait pas d'obscurité.
Cesàrea s’est éloignée de quelques pas. Elle a fait apparaître une pirogue, qui était cachée derrière les joncs et les roseaux et que je n’avais pas vue ; elle l’a tirée jusqu’à ma hauteur.
– Allez ! Tout le monde à bord ! On fait un tour de lac.
Sans remonter mes pantalons, ni même enlever mes chaussures j’ai marché dans l’eau jusqu’à l’embarcation.
– Le lac est calme. Étale. Tu sais. J’aime les adjectifs épicènes. L’eau étale. Le lac étale. La mer étale.
Je pensais justement à son poème Sión, que je connaissais par cœur et que je me récitais souvent.
Nous avons ramé pendant près d’une heure sans parler. Le lac faisait la conversation pour nous.
Cesàrea est différente de ce que j’imaginais. Pas seulement parce qu’elle ne porte plus ces deux épaisses tresses ni que son royaume est plutôt sub-tropical sans être une zone humide et n’est ni démesurément immense et aride comme le désert de Sonora.
Elle me répond que non, elle ne les a jamais entendus l’appeler en hurlant. Je n'ai pas entendu les cris d’Ulises Lima et Arturo Belano.
D’ailleurs, elle ne s’est jamais considérée comme une poétesse obscure. Poétesse, elle déteste ce mot. Elle lui préfère poète, car il est épicène. C'est une identité qui lui va bien, puisque quand elle écrit elle n’est ni homme ni femme. L’infraréalisme, lui, est, je ne dirai pas phallocentrique, mais en grande proportion masculin. Comme tous les mouvements littéraires, d’ailleurs. Il n’est qu’à regarder les acteurs du surréalisme avec son pape, Breton, qui excluait à go go et a joué un rôle immonde dans le suicide de Crevel. René Crevel. Épicène, lui, aussi. D’ailleurs, dans une pièce où sont réunis des littérateurs, la femme joue les potiches. Ou est reconnue de façon posthume ou à retardement comme précurseur idéalisé et placé sur un piédestal.
D’ailleurs, cette expression revient souvent dans la bouche de Cesàrea. Je ne peux pas dire si elle utilise por cierto, de hecho, hablando de eso, además, justo ou precisamente, quand elle s’exprime. Car notre façon de parler est totalement différente ici. Ça n’a rien à voir avec la communication orale. Une sorte de télépathie qui appareille comme un vaisseau dans des rêves sans articulations. Comme une psyché qui ne resterait pas fixée à un corps unique, mais naviguerait de l’un à l’autre sans gouvernail ni pilote autre que le corps des êtres qui bavardent et échangent ou théorisent.
Le matin, le chant des oiseaux me réveille. C’est d’abord le rossignol, puis l’alouette. Ou l'inverse. L'un des deux monte à la verticale dans le ciel au moment où le soleil apparaît à l’ouest derrière la cime des arbres.
Que sait-on de ce monde ? Le lac ne dit rien à ce sujet. Il ne parle que de poésie et de figures de style qui sont classées en plusieurs catégories : les figures qui jouent sur le discours, les figures qui jouent sur les sons, les figures de rupture, les figure d'opposition, les figures d'atténuation, les figures d'insistance ou d'exagération, les figure de substitution, les figure d'analogie. C’est déjà un début de règles d'actions humaines autorisées ou défendues. Morale close, ou statique ; morale ouverte, ou dynamique. Qui n’a aucun lien avec la moralerie de bon ton qui se confond facilement avec l’abus de pouvoir et dont on se lave vite fait les mains, vite, sans états d'âme et sans se demander si on fait bien ou mal. Je ne sais pas si je fais toujours le bien, mais je sais quand je fais le mal. Bien que parfois on puisse faire le mal sans en avoir conscience. Ces idées me bloquent. Je n’arrive plus à marcher si je me dis qu’à chaque pas j’écrase une fourmi ou une sauterelle.
Le temps passe vite quand on s’amuse. Cesàrea et moi avons parcouru le pays à cheval pendant plusieurs semaines. Nous sommes allés jusqu’au confins de la zone humide mais au climat sec et doux La jungle s’arrête brusquement dès les premières dunes. Au-delà il y a un désert. Le sable est roux en bordure, puis plus loin, après avoir franchi quelques dunes, quand on s’éloigne dans le désert, le sable devient doré ; il y parfois de petites paillettes luisantes qui se mélangent au grain d’or. Quand le sable redevient roux, des oasis de cactus apparaissent avec d’immenses montagnes de pierres et de rochers à l’horizon.
Cesàrea m’a montré les petits oiseaux qui nichent dans les cactus. Ils ont lancé une série de teck-teck-teck-teck dès qu’ils nous ont vu approcher. Cesàrea
dit qu’on les entend toute l'année et que leurs jar-jar-jar-jar bas, durs, rapides et rythmés deviennent plus sonores vers la fin. Elle leur a répondu. Et ils se sont lancés des jar-jar plusieurs fois. Nous sommes restés à plat ventre pour prendre un cliché de l’un ou de l’autre de ces volatiles. Cesàrea a pris une photo d’un oiseau qui s’est posé sur une pierre à deux mètres de nous pour nous observer de plus près. On ne voit pas à quel point son bec est courbé vers le haut.
Cesàrea me dit que je suis son frère de lait. Que je ne suis pas comme les autres garçons qui veulent avoir le dessus et qui cherchent à gagner les faveurs des filles uniquement pour coucher avec elles. Une fois qu’ils ont réussit à obtenir ce qu’il voulait, coucher, ils se détournent de la fille, s’en désintéresse et retournent parler de littérature, de politique ou de sports avec leurs amis.
— Tu as cette impression, parce que j’aurais aimé être une fille. Que les discussions entre garçons ne m’intéressent pas. C’est comme un film de guerre où il n’y a pas une seule actrice. On s’y ennuie.
Nous avons vu aussi les empreintes d’un ours.
Les nuits sont fraîches. Nous dormons sous une bâche en toile qui nous protège. Notre campement ressemble à celui des Bédouins. Le soir, nous faisons un grand feu pour éloigner les animaux sauvages, faire chauffer de l’eau, cuire des aliments. Cesàrea a pris une petit fusil avec elle.
Elle m’a montré un cactus où est gravé ce vers: « Ni temps passé / Ni les amours reviennent ». Elle a fait une grimace de doute avec sa bouche et a dit « c’est pas vrai », trois tons montant.
dans la ruelle
Hier soir, alors que je m’endormais, elle m’a réveillé pour me demander si je connaissais le mouvement des Précieuses, au XVIIe siècle, dans cette cité aux charmes fous.
J'adore ce texte. Il renoue avec la tradition des textes expérimentaux (post-nouveau roman) des années 60-70, et des bandes dessinées. Je crois que Jacques Derrida l'aurait adoré, mais aussi Giraud-Moebius. Mais je ne peux pas me convaincre et encore moins me satisfaire qu'il finisse ainsi, qu'il tourne court. C'est d'un (court) roman qu'il s'agit. Il faut absolument y ajouter des épisodes, avec encore des sons et des illustrations. Ah, et puis surtout il faut lui ajouter un vrai titre. Jules Verne aussi aurait aimé. Il faut poursuivre l'exploration d'un paysage géographique inventé qui ressemble à un paysage de rêve. Ah oui, et une question : pourquoi pas une narratrice plutôt qu'un narrateur?
J'adore ce texte. Il renoue avec la tradition des textes expérimentaux (post-nouveau roman) des années 60-70, et des bandes dessinées. Je crois que Jacques Derrida l'aurait adoré, mais aussi Giraud-Moebius. Mais je ne peux pas me convaincre et encore moins me satisfaire qu'il finisse ainsi, qu'il tourne court. C'est d'un (court) roman qu'il s'agit. Il faut absolument y ajouter des épisodes, avec encore des sons et des illustrations. Ah, et puis surtout il faut lui ajouter un vrai titre. Jules Verne aussi aurait aimé. Il faut poursuivre l'exploration d'un paysage géographique inventé qui ressemble à un paysage de rêve. Ah oui, et une question : pourquoi pas une narratrice plutôt qu'un narrateur?
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